Cours de l’Or
Mode décroissance à activer !
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Mode décroissance à activer !
Vincent Cheynet (Rencontre "Décroissance" organisée par l’association Yoranoo, mercredi 14 Janvier 2004 à Lyon).
"Lorsque nous parlons de décroissance, il ne s’agit pas de décroître dans tous les domaines. Nous parlons de décroissance économique, de décroissance du PIB. Cette décroissance est devenue impérative car il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini. Surtout si le rythme de cette croissance ne prend pas en compte la capacité de renouvellement des ressources disponibles.
Pour prendre une image, considérons que les ressources renouvelables sont nos revenus et que les ressources non renouvelables sont notre capital.
Aujourd’hui nous ne vivons pas sur nos revenus mais sur notre capital et, de plus, nous sommes en train d’épuiser totalement notre capital. En occident, nous vivons très au dessus de nos moyens puisque nous consommons à peu prés les ressources de 3 planètes. En 2050, les démographes annoncent approximativement 10 milliards d’êtres humains. Si ces 10 milliards d’humains accèdent au mode de vie occidental, il faudra l’équivalant de 12 planètes en terme de ressource. Si nous visons une croissance moyenne de 2% pour tout le monde(ce qui est supérieur à la croissance actuel en Europe mais inférieur à la croissance de certain pays de sud), c’est alors 30 planètes qu’il nous faudra. La croissance est une impasse.
Prenons l’exemple du pétrole qui est une des ressources de base du type de croissance à l’occidentale. C’est une ressource à renouvellement très lent. Nous la consommons à un rythme qui dépasse de très loin les possibilités de production d’hydrocarbure par la planète. Nous épuisons notre capital " pétrole ". La consommation planétaire est aujourd’hui d’environ 70 millions de barils par jours. En 2010, il est prévu une consommation de 90 millions de barils par jours, car nos besoins ne cessent d’augmenter. Cette croissance de la consommation de pétrole est totalement incompatible avec la réalité des réserves disponibles. Il faut différencier les réserves générale d’hydrocarbures, qui sont encore abondantes, et les réserves de pétroles facilement extractibles. Ceux qui prétendent que les réserves sont encore abondantes ont raison mais ils ne tiennent pas compte de cette distinction capitale. En effet, le gros des ressources restantes est en fait composé de nappes difficilement accessibles ou extractibles. Le coût d’extraction, de transport et de raffinage pourrait devenir supérieur à l’apport énergétique du produit lui-même.
On ne peut pas imaginer une situation où il faudrait l’équivalent énergétique d’un baril pour extraire un seul baril. L’opération n’aurait aucune rentabilité, aucun intérêt.
Prenons une image : si pour boire le contenu d’un verre d’eau, il vous fallait autant de salive que la quantité d’eau assimilée, vous renonceriez à boire dans ce type de verre.
C’est la situation devant laquelle nous allons bientôt nous trouver (or il n’y a pas pour le moment de véritable solution de remplacement du pétrole,
si nous ne remettons pas en question le principe de croissance et notre mode de vie). Inévitablement nous allons assister à une monté en flèche des coûts et à un durcissement de la compétitions pour l’accès aux dernières ressources existantes. Lorsque l’offre ne peut plus satisfaire la demande,
il y a inévitablement envolée des prix. Les pays riches vont consommer du pétrole plus longtemps que les autres car de nombreux pays ne pourrons pas assumer le coût. Il est également vraisemblable que des conflits se multiplient dans une telle situation de pénurie (une part importante du pétrole restant pourrait-être réservée aux armées). Certains peuvent faire le choix d’entrer dans une véritable économie de guerre.
Nous avons déjà, dans l’histoire, des exemples de civilisations qui se sont éteintes pour ne pas avoir pu renoncer à la logique de croissance économique. Par exemple, l’Ile de Pâque. Selon certains chercheurs, les habitants de l’Ile de Pâque ont pratiqué la déforestation jusqu’à épuisement de leur ressources en bois, en particulier pour ériger leurs statues monumentales, puis face à l’épuisement de leur capital, se sont entretués dans des conflits pour l’accès aux ultimes ressources. Lorsque les blancs sont arrivés, le nombre des habitants avait considérablement chuté suite à ses massacres (voir à ce sujet l’extrait du livre de Clive Ponting ci dessous)
Nous allons, par la force des choses, aller vers une forme de décroissance. Mais cette décroissance peut prendre des tournures très diverses.
Une décroissance économique subie, sans croissance parallèle de la dimension humaine, de l’altruisme, de la convivialité..., peut déboucher sur une catastrophe. Une décroissance économique limitée à elle-même s’appelle une récession, ce n’est pas la solution que nous envisageons.
Nous ne pouvons pas concevoir de décroissance réussie sans changement profond des mentalités et des comportements au quotidien. Le propre de l’homme est de maîtriser ses pulsions, la décroissance doit être volontaire et reposer sur un esprit d’humanisme et de solidarité. C’est un point très important car la décroissance pourrait fort bien se conjuguer avec des formes politiques autoritaires, voir totalitaires. Si nous ne faisons pas les bons choix à temps, une sorte d’éco-fascisme n’est pas improbable. Plus nous tardons à remettre en question l’idéologie économiste et le culte de la techno-science (la science doit cesser d’être une fin en soi pour redevenir un simple moyen), ainsi qu’à prendre les mesures nécessaires (arrêter de vivre sur notre capital et accepter de vivre sur nos revenus), plus nous prenons le risque de voir apparaître des mesures de formes totalitaires. Il nous faut tout faire pour éviter cela ".
"Lorsque nous parlons de décroissance, il ne s’agit pas de décroître dans tous les domaines. Nous parlons de décroissance économique, de décroissance du PIB. Cette décroissance est devenue impérative car il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini. Surtout si le rythme de cette croissance ne prend pas en compte la capacité de renouvellement des ressources disponibles.
Pour prendre une image, considérons que les ressources renouvelables sont nos revenus et que les ressources non renouvelables sont notre capital.
Aujourd’hui nous ne vivons pas sur nos revenus mais sur notre capital et, de plus, nous sommes en train d’épuiser totalement notre capital. En occident, nous vivons très au dessus de nos moyens puisque nous consommons à peu prés les ressources de 3 planètes. En 2050, les démographes annoncent approximativement 10 milliards d’êtres humains. Si ces 10 milliards d’humains accèdent au mode de vie occidental, il faudra l’équivalant de 12 planètes en terme de ressource. Si nous visons une croissance moyenne de 2% pour tout le monde(ce qui est supérieur à la croissance actuel en Europe mais inférieur à la croissance de certain pays de sud), c’est alors 30 planètes qu’il nous faudra. La croissance est une impasse.
Prenons l’exemple du pétrole qui est une des ressources de base du type de croissance à l’occidentale. C’est une ressource à renouvellement très lent. Nous la consommons à un rythme qui dépasse de très loin les possibilités de production d’hydrocarbure par la planète. Nous épuisons notre capital " pétrole ". La consommation planétaire est aujourd’hui d’environ 70 millions de barils par jours. En 2010, il est prévu une consommation de 90 millions de barils par jours, car nos besoins ne cessent d’augmenter. Cette croissance de la consommation de pétrole est totalement incompatible avec la réalité des réserves disponibles. Il faut différencier les réserves générale d’hydrocarbures, qui sont encore abondantes, et les réserves de pétroles facilement extractibles. Ceux qui prétendent que les réserves sont encore abondantes ont raison mais ils ne tiennent pas compte de cette distinction capitale. En effet, le gros des ressources restantes est en fait composé de nappes difficilement accessibles ou extractibles. Le coût d’extraction, de transport et de raffinage pourrait devenir supérieur à l’apport énergétique du produit lui-même.
On ne peut pas imaginer une situation où il faudrait l’équivalent énergétique d’un baril pour extraire un seul baril. L’opération n’aurait aucune rentabilité, aucun intérêt.
Prenons une image : si pour boire le contenu d’un verre d’eau, il vous fallait autant de salive que la quantité d’eau assimilée, vous renonceriez à boire dans ce type de verre.
C’est la situation devant laquelle nous allons bientôt nous trouver (or il n’y a pas pour le moment de véritable solution de remplacement du pétrole,
si nous ne remettons pas en question le principe de croissance et notre mode de vie). Inévitablement nous allons assister à une monté en flèche des coûts et à un durcissement de la compétitions pour l’accès aux dernières ressources existantes. Lorsque l’offre ne peut plus satisfaire la demande,
il y a inévitablement envolée des prix. Les pays riches vont consommer du pétrole plus longtemps que les autres car de nombreux pays ne pourrons pas assumer le coût. Il est également vraisemblable que des conflits se multiplient dans une telle situation de pénurie (une part importante du pétrole restant pourrait-être réservée aux armées). Certains peuvent faire le choix d’entrer dans une véritable économie de guerre.
Nous avons déjà, dans l’histoire, des exemples de civilisations qui se sont éteintes pour ne pas avoir pu renoncer à la logique de croissance économique. Par exemple, l’Ile de Pâque. Selon certains chercheurs, les habitants de l’Ile de Pâque ont pratiqué la déforestation jusqu’à épuisement de leur ressources en bois, en particulier pour ériger leurs statues monumentales, puis face à l’épuisement de leur capital, se sont entretués dans des conflits pour l’accès aux ultimes ressources. Lorsque les blancs sont arrivés, le nombre des habitants avait considérablement chuté suite à ses massacres (voir à ce sujet l’extrait du livre de Clive Ponting ci dessous)
Nous allons, par la force des choses, aller vers une forme de décroissance. Mais cette décroissance peut prendre des tournures très diverses.
Une décroissance économique subie, sans croissance parallèle de la dimension humaine, de l’altruisme, de la convivialité..., peut déboucher sur une catastrophe. Une décroissance économique limitée à elle-même s’appelle une récession, ce n’est pas la solution que nous envisageons.
Nous ne pouvons pas concevoir de décroissance réussie sans changement profond des mentalités et des comportements au quotidien. Le propre de l’homme est de maîtriser ses pulsions, la décroissance doit être volontaire et reposer sur un esprit d’humanisme et de solidarité. C’est un point très important car la décroissance pourrait fort bien se conjuguer avec des formes politiques autoritaires, voir totalitaires. Si nous ne faisons pas les bons choix à temps, une sorte d’éco-fascisme n’est pas improbable. Plus nous tardons à remettre en question l’idéologie économiste et le culte de la techno-science (la science doit cesser d’être une fin en soi pour redevenir un simple moyen), ainsi qu’à prendre les mesures nécessaires (arrêter de vivre sur notre capital et accepter de vivre sur nos revenus), plus nous prenons le risque de voir apparaître des mesures de formes totalitaires. Il nous faut tout faire pour éviter cela ".
Kislapet- Membre bavard
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